Lydia Callaway chantonnait alors qu'elle se rendait à la buanderie avec son panier de linge sale de la semaine. Malheureusement, trop perdue dans ses pensées, elle trébuchan et le contenu de son panier se répandit sur le sol. Se maudissant intérieurement de sa distraction, elle ramassa le tout et reprit sa route. La psychologue franchit la porte de la buanderie vide et se dirigea vers la machine à laver la plus éloignée. Elle la remplit de son linge, ajouta quelques millilitres de savon, puis la mit en marche.
Après s'être assurée que tout était en ordre, elle attrapa son recueil de Victor Hugo et l'ouvrit à la page où était imprimé son poème préféré de Hugo. Avec tendresse, elle se mit à en faire la lecture à voix haute:
A des âmes envolées
Ces âmes que tu rappelles,
Mon coeur, ne reviennent pas.
Pourquoi donc s'obstinent-elles,
Hélas ! à rester là-bas ?
Dans les sphères éclatantes,
Dans l'azur et les rayons,
Sont-elles donc plus contentes
Qu'avec nous qui les aimions ?
Nous avions sous les tonnelles
Une maison près Saint-Leu.
Comme les fleurs étaient belles !
Comme le ciel était bleu !
Parmi les feuilles tombées,
Nous courions au bois vermeil ;
Nous cherchions des scarabées
Sur les vieux murs au soleil ;
On riait de ce bon rire
Qu'Éden jadis entendit,
Ayant toujours à se dire
Ce qu'on s'était déjà dit ;
Je contais la Mère l'Oie ;
On était heureux, Dieu sait !
On poussait des cris de joie
Pour un oiseau qui passait.
Elle garda le silence un instant après que sa voix chantante se fut éteinte. Lydia adorait se recueillir sur ce poème, qui reflétait la vie de beaucoup de ses patients, qui regrettaient leur enfance. Alors qu'elle commençait à lire de pleine voix le deuxième poème, quelqu'un entra.